Je ne connais que trop bien l’odeur du sang, la douleur que l’on ressent lorsque l’on est trahis par quelqu’un que l’on aime, la souffrance que l’on ressent lorsqu’une boule de douleur éclate dans notre estomac lorsqu’on nous frappe dans le ventre, le haut le cœur que l’on a lorsque l’on sent remonter notre sang dans notre gorge, le sentiment d’impuissance au quel on est réduis lorsque l’on voit un ami se faire tuer devant nos yeux. La haine et l’amour ont la même intensité, la seule différence est que les gens préfèreraient aimer mais haïssent parce qu’ils ne savent rien faire d’autre.
Je n’ai plus mis les pieds à Kiri no Kuni depuis bientôt plus de dix ans. En quittant les cimes gelées et brumeuse de mon enfance je pensais que ce départ était un adieu définitif. Mais le destin n’a apparemment pas finis de s’amuser avec moi, « le fils de la glace est lié au pays des loups et il y retournera inlassablement jusqu’à ce qu’il découvre la vérité sur lui-même. », j’étais donc condamné à y retourner, et j’y retournerais, je le savais tout au fond de moi, je ne savais seulement pas pourquoi j’allais y retourner.
J’eus ma réponse un dimanche matin pluvieux, j’étais partis pour le village de la cascade pour une mission sans grande importance, je n’avais d’ailleurs croisé aucun ennemis qui aurait pu potentiellement m’apporter un quelconque ressentiment pendant notre affrontement, c’est donc pour cela que pour la première fois de ma vie je terminais une mission sans la moindre égratignure. Ce jour aurait pu être le plus beau depuis un long moment, j’étais assis sur la Terrace d’une taverne de la rue principale et j’admirais les artistes en train de composer leurs chefs-d’œuvre avec une minutie presque incroyable. Les rayons du soleil me léchaient de leurs douces chaleurs lorsqu’une ombre vint me faire ouvrir les yeux, c’était un homme en uniforme, il me tendit une lettre cachetée à la cire et disparut sans plus de détails lorsque je lui signai le reçu.
Je restai un instant bête devant cette enveloppe cachetée à la cire rouge, je la retournai dans tout les sens comme si je cherchais quelque chose d’autre que la blancheur du papier. Finalement je retournai la lettre pour regarder le cachet qui avait été utilisé pour scellé la lettre, un frisson me parcourus lorsque je vis les formes que dessinaient la cire rouge, je connaissais ce sceau ! Je passai lentement mes doigts au dessus du sceau comme si le fait de passer mes doigts sur lui le ferait disparaitre comme dans un mauvais rêve. Mais le sceau restai bien là, un griffon qui tien une épée dans le pommeau est fait en ronce, le symbole de la branche des unités spéciales du village de la brume sanglante, ces même unités spéciales où j’avais envoyés l’un de mes clones fait d’obsidiennes.
Je tendis alors ma main tremblante vers le haut de l’enveloppe, je plaçai mon index sous la bordure du papier et tira d’un coup sec qui fit craquer la cire rouge en deux morceaux. L’enveloppe était ouverte et au fur et à mesure que je tirais le long papier maculé de tache d’encre de sa prison de papier les battements de mon cœur s’accéléraient. Je tendis le papier devant moi et je commençai à lire la fine écriture tremblante de l’homme qui se disait être le clone que j’avais envoyé à la poursuite de la jeune femme. Il me faisait son rapport dans les grandes lignes, il ne pouvait pas m’en dire plus et il déplorait le fait que l’on ne puisse jamais se rencontrer car, toujours celons lui, à l’heure où je reçois ça lettre il est déjà mort. Il me donne une mission, tout en s’excusant de ne pas avoir pu la mener à bien lui-même, il me demande de retrouver un déserteur qui aurait tué cette femme. Il me demande de la venger car il en est tombé amoureux.
Je jetai la lettre devant moi comme pour éloigner l’idée que cette partie de moi existe bel et bien et que ça dernière volonté est que je sauve la mémoire d’une femme qui ne m’inspirait autrefois que du dégout. Mais une part de mélancolie s’empara bien vite de moi, je n’avais pas vu ma ville natale depuis bientôt plus de dix ans et ce message me donnait l’occasion d’y retourner, de plus, je ne pouvais pas ignorer la dernière volonté d’une partie de moi, sans quoi je ne vaudrais pas plus qu’un vulgaire chien. C’était donc décidé, je partais sur les traces d’un déserteur.
Je savais que mon périples serait périlleux et que je n’en reviendrais peut être pas cette fois. Mais quelque part cette idée me rassurait et me donnait d’autant plus l’envie d’y allez sans attendre. Si je mourais au combat j’étais sur de rejoindre la mizukage dont j’étais tombé amoureux il y a plus de 15ans désormais. Après sa mort j’étais devenus un traitre et un déserteur aux yeux de la nation que j’avais juré de protéger, certain m’accusait même d’être celui qui avait tué la Mizukage. Mais même si les premiers jours avaient été très dur je m’en étais remis, et la lame gelée qui transperçait mon âme avait presque entièrement fondu. J’étais devenus un homme nouveau, mais je ne sais toujours pas quelle route prendre. Je sens toujours un énorme trou, un manque, au plus profond de mon âme. Et j’ai l’impression que je ne pourrai jamais le combler.
Sujet: Début d'une vengeance 
Dim 11 Juil - 13:13